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Université de Bordeaux
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le visage d’une « gueule cassée », reconstruction faciale d’un soldat napoléonien de la campagne de Russie

le visage d’une « gueule cassée », reconstruction faciale d’un soldat napoléonien de la campagne de Russie

Une étude paléo-traumatologique aboutissant à la reconstruction 3D de la face osseuse et du visage d’un soldat napoléonien gravement blessé par un coup de sabre vient d’être publiée dans le dernier numéro de la revue International Journal of Osteoarchaeology.

Cette étude est le fruit d’une collaboration entre des chercheurs de l’EPHE rattachés au laboratoire PACEA, des chercheurs de l'Institut AUSONIUS et des anthropologues et archéologues russes.


Engagée en 1812 par Napoléon pour forcer l’Empire russe à respecter le blocus continental, la campagne de Russie se révéla être un véritable désastre militaire. Les conditions extrêmes de l’hiver, la politique de la terre brûlée et la stratégie russe consistant à isoler les troupes napoléoniennes des moyens de ravitaillement ont précipité la retraite depuis Moscou vers les villes garnisons de Vilnius et de Königsberg. La défaite lors de la bataille de la Bérézina a marqué la fin de cette désastreuse campagne. Cependant le froid, la faim et les maladies comme le typhus feront plus de morts que les combats. De nombreuses victimes sont décédées ainsi en chemin et ont été inhumées dans des fosses communes dans les villes garnisons.

Ainsi, c’est à proximité des fortifications de l’ancienne capitale prussienne de Königsberg, que 12 charniers de guerre ont été découverts et fouillés en 2006 par une équipe d’archéologues russes. Les objets (pièces de monnaies, uniformes militaires, shakos, etc.) découverts dans les fosses ont permis d’identifier les victimes comme étant des soldats napoléoniens.

Parmi plus de 600 squelettes exhumés, l’individu C2 se distingue par une importante blessure au niveau de la face (mandibule et maxillaire). Cette blessure, due à un coup de sabre, présente des traces de remaniement osseux témoignant de la survie du soldat pendant plus de 2 mois dans des conditions extrêmes.

L’étude tridimensionnelle menée à partir d’une acquisition CT-scan réalisée à Moscou a permis de mieux comprendre le coup de sabre à l’origine de cette blessure, les processus de cicatrisation, ainsi que le traitement chirurgical opéré. Les os manquants ont pu être reconstruits par symétrie ou par greffe osseuse virtuelle permettant ainsi de proposer une reconstitution du visage du soldat, d’ajouter la couleur de la peau, des cheveux et de colorer ses yeux.

Par ailleurs, grâce aux textes de Dominique Larrey, chirurgien lors de la Campagne de Russie, textes décrivant les soins à apporter en cas de blessures au sabre, il a été possible de confronter les indices fournis par l’étude tridimensionnelle avec les données de terrain et ainsi de mettre en évidence le traitement chirurgical reçu par ce soldat.


Référence de l’article
 : 
Coutinho Nogueira D., Dutailly B., Comte F., Vasilyev A., Khokhlov A., Shvedchikova T., Berezina N., Buzhilova A., Dutour O., Coqueugniot H., 2019. “Gueule cassée” (facial injuries): a 3D paleo‐traumatology study and facial approximation of a Napoleonic soldier who died in 1812 at Königsberg during the Russian Campaign, International Journal of Osteoarchaeologyhttps://doi.org/10.1002/oa.2728


Ce travail a été mené dans le cadre du Laboratoire International Associé Franco-Russe (LIA K1812 ; dir : Olivier Dutour et Alexandra Buzhilova) et a reçu le soutien du projet Virtos (Région Nouvelle Aquitaine, dir : O. Dutour) et du LabEx LaScArbx (contrat expert, Florent Comte). 

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