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Université de Bordeaux
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Et s'il y avait plusieurs Eve africaines ?

Objets de parure, gravures et outils en pierre et en os découverts dans des sites du Middle Stone Age d’Afrique du Nord et du Sud. Crâne de Jebel Irhoud 1  (Maroc, ~ 300 000 ans) en bas à gauche et de Qafzeh 9 (~ 95 000 ans) en bas à droite.Objets de parure, gravures et outils en pierre et en os découverts dans des sites du Middle Stone Age d’Afrique du Nord et du Sud. Crâne de Jebel Irhoud 1 (Maroc, ~ 300 000 ans) en bas à gauche et de Qafzeh 9 (~ 95 000 ans) en bas à droite.

Dans un article publié cette semaine dans Trends in Ecology and Evolution, un groupe de chercheurs dont fait partie notre collègue Francesco d’Errico (UMR PACEA), reconsidère l'origine de l'homme moderne.  

S’il est largement admis que notre espèce est originaire d'Afrique, on connait moins bien de quelle façon elle a évolué sur ce continent. Jusqu'ici, on considérait comme établi le modèle d’une expansion humaine à partir d’une seule région d'Afrique de l'est : à la suite d’un processus de spéciation qui se serait produit dans l'est africain il y a environ 260 000 ans,  les premiers hommes modernes auraient colonisé rapidement l’ensemble du continent africain avant de sortir d’Afrique en plusieurs vagues, probablement à partir de 180 000 ans et surtout aux alentours de 60 000 ans.

Dans un article publié cette semaine dans Trends in Ecology and Evolution, un groupe d’archéologues, généticiens, paléo-anthropologues, paléontologues et paléoclimatologues, dont fait partie Francesco d’Errico, directeur de recherche au CNRS (UMR PACEA), remet en cause le modèle d’une expansion à partir d’une seule région d’origine. Selon ces mêmes chercheurs, les hommes modernes seraient le résultat d’un processus complexe qui ne s’est pas limité à l’est Africain mais à toutes les régions d’Afrique.

Les causes sont à chercher dans les variations climatiques auxquelles le continent africain a été soumis au cours du temps et qui auraient entraîné plusieurs cycles d’isolement des populations humaines - ayant conduit à des adaptations locales, au développement de cultures matérielles nouvelles et à l'apparition de patrimoines génétiques distincts  - alternant avec des périodes d’echanges génétiques et culturels.

Cette vision multirégionaliste concernant l’origine de notre espèce bouleverse la théorie selon laquelle l'expansion de l'espèce humaine se serait faite à partir d'une seule région d'origine et remet en question le modèle distinguant populations "archaïques" et populations "modernes". A la place, elle propose la théorie selon laquelle la modernité morphologique et la modernité culturelle se seraient construites de manière graduelle, par mise en contact de multiples trajectoires régionales distinctes.

A présent, le challenge pour les chercheurs va être de reconstituer l'évolution de cette géographie humaine au cours du temps.

Référence de l'article : Did our species evolve in subdivided populations across Africa, and why does it matter? Eleanor M.L. Scerri, Mark G. Thomas, Andrea Manica, Philipp Gunz, Jay Stock, Chris Stringer, Matt Grove, Huw S. Groucutt, Axel Timmermann, G. Philip Rightmire, Francesco d’Errico, Christian Tryon, Nick Drake, Alison S. Brooks, , Robin Dennell, Richard Durbin, Brenna Henn, Julia Lee-Thorp, Peter deMenocal, Michael D. Petraglia, Jessica C. Thompson, Aylwyn Scally, Lounès Chikhi. Trends in Ecology and Evolution, DOI: https://doi.org/10.1016/j.tree.2018.05.005

 
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