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Université de Bordeaux
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Des chercheurs du LaScArBx découvrent le plus ancien art chinois

Des chercheurs du LaScArBx découvrent le plus ancien art chinois

Une équipe internationale, composée notamment de plusieurs chercheurs du LaScArBx dévoile, dans la revue PLOS ONE, la découverte en Chine d’une sculpture d’oiseau miniature façonnée dans de l’os brûlé et vieille de 13 500 ans. Cette statuette serait la plus ancienne œuvre d’art chinoise connue ; elle vient reculer de plus de 8 500 ans l’origine de la sculpture en Asie de l’Est.


On sait depuis quelques années que les premiers comportements symboliques remontent à il y au moins 100 000 ans, et consistent majoritairement en objets de parure, pigments et gravures abstraites. L’intégration de représentations tridimensionnelles, sculptées ou modelées, dans le répertoire culturel des sociétés humaines, est par contre moins bien documentée. L’apparition de ces productions symboliques dans différentes régions du globe est encore mal connue, et les questions de diffusion ou de ré-invention de ce comportement restent d’actualité. Une équipe internationale, composée de plusieurs chercheurs bordelais (Alain Queffelec, Ronan Ledevin, Luc Doyon, Francesco d'Errico, UMR PACEA, université de Bordeaux-CNRS), des universités de Shandong, Bergen et du Weizmann Institute of Science, vient de dévoiler dans la revue PLOS ONE la découverte, dans un site chinois, d’une sculpture d’oiseau miniature façonnée dans de l’os brûlé et vieille de 13 500 ans. La découverte de cette statuette, la plus ancienne œuvre d’art chinoise connue, recule de plus de 8 500 ans l’origine de la sculpture en Asie de l’Est. Les particularités stylistiques et techniques qu’elle présente – il s’agit de la seule sculpture paléolithique connue représentant un animal qui tient debout grâce à un piédestal – semblent identifier une tradition artistique originale, inconnue jusqu’à présent.

L’idée selon laquelle des manifestations artistiques auraient fleuri pour la premières fois au moment où des membres de notre espèce, Homo sapiens, arrivent en Europe il y a 42 000 ans a été récemment remise en question suite à la découverte de peintures rupestres de la même époque en Asie du Sud-Est, à Bornéo et Sulawesi. De même, la datation à 64 000 ans de dépôts de calcite recouvrant des signes géométriques et des empreintes de mains sur les parois de trois grottes espagnoles suggère qu’ils seraient l’œuvre de Néanderthal. À la lumière de ces faits nouveaux, parfois controversés, la seule forme artistique pour laquelle l’Europe d’une part, et Homo sapiens d'autre part, peuvent encore prétendre être le centre d’origine reste la sculpture. Les plus anciennes statuettes connues, sculptées dans de l’ivoire de mammouth et figurant des animaux et des humains, datent de l’Aurignacien (40 000 avant le présent) et proviennent de sites archéologiques du Jura souabe en Allemagne. Or, en de vastes régions du globe, peu d’indices sont actuellement disponibles permettant de documenter l’origine des représentations tridimensionnelles avant le Néolithique.

La sculpture découverte par l'équipe de chercheurs et qui fait l'objet de la publication dans PLOS ONE, a été mise au jour à Lingjing, un site de la province du Henan, dans un contexte archéologique daté entre 13 800 et 13 000 ans. La sculpture, noire car produite sur un fragment d’os brulé et d’à peine un centimètre et demi de longueur, représente un oiseau appartenant probablement à l’ordre des passériformes. Au lieu de sculpter les pattes de l’oiseau, l’artiste a façonné un piédestal permettant à la figurine de tenir debout. Grâce à l’état de conservation exceptionnel de l’objet et à l’application de techniques d’analyse de pointe, notamment la microscopie confocale et la microtomographie, les chercheurs ont pu reconstituer la démarche du sculpteur paléolithique avec un détail jusqu’à présent inégalé dans les études sur des œuvres d’une telle antiquité. Le petit passeriforme a été sculpté avec grand soin en combinant quatre techniques différentes qui ont laissé sur la surface de l’objet soixante-huit microfacettes. L’analyse microscopique de la surface de l’objet ne laisse aucun doute : l’artiste a su choisir les outils adaptés et les utiliser en alternance pour atteindre, en considérant la petite taille de la sculpture, un résultat d’un équilibre formel et d’une beauté étonnante. Cette découverte identifie une tradition artistique originale et repousse de plus de 8 500 ans la représentation du thème aviaire dans l’art chinois. La sculpture diffère technologiquement et stylistiquement des autres sculptures mises au jour en Europe de l’Ouest et en Sibérie. Il s’agit du seul exemplaire d’art datant du Pléistocène récent de couleur noire et figurant un oiseau debout. Elle pourrait être le chaînon manquant qui permet de faire remonter au Paléolithique, sans solution de continuité, l’origine de la statuaire chinoise.

Référence de l'article : Li Z, Doyon L, Fang H, Ledevin R, Queffelec A, Raguin E, et al. (2020) A Paleolithic bird figurine from the Lingjing site, Henan, China.
PLoS ONE 15(6): e0233370, 10 juin 2020 - DOI : https://doi.org/10.1371/journal.pone.0233370

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