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Université de Bordeaux
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Antoine Souron, paléontologue, nouveau chercheur recruté à PACEA sur une chaire junior LabEx

Antoine Souron, paléontologue spécialiste des suidés (famille des cochons), a rejoint l’équipe de PACEA en octobre 2015, recruté sur une chaire jeune chercheur du LabEx Sciences Archéologiques de Bordeaux. Il travaille sur l’évolution des suidés sur le temps long, avec pour terrain d’étude principal la formation de Shungura dans la basse vallée de l’Omo (Éthiopie).

Dernière mise à jour mercredi 10 février 2016
Antoine Souron, paléontologue, nouveau chercheur recruté à PACEA sur une chaire junior LabEx


Plusieurs facteurs ont potentiellement influencé l’évolution des faunes au sens large (incluant l’évolution humaine) au cours des sept derniers millions d’années en Afrique : les changements environnementaux, climatiques, géographiques, tectoniques, et la compétition entre espèces pour l’accès aux ressources.  Mais quelle est la part relative de ces différents facteurs ? C’est tout l’objet des recherches menées par Antoine Souron, paléontologue, nouveau chercheur à PACEA, recruté en octobre  2015 sur une chaire du LabEx Sciences Archéologiques de Bordeaux, et qui travaille sur l’évolution des suidés (famille des cochons) sur le temps long, avec pour terrain d’étude principal la formation de Shungura dans la basse vallée de l’Omo (Éthiopie).



Antoine Souron (à droite) et Bizuayehu Tegegn préparant le plâtre d'un crâne d'hippopotame fossile 
avant de l'extraire du sédiment (formation de Shungura, basse vallée de l'Omo, Éthiopie) © Omo Group Research Expedition


Pourquoi les cochons ?

Le groupe des suidés présente plusieurs avantages : 1) ils sont représentés par de nombreux fossiles provenant des mêmes sites qui ont livré les fossiles d’hominidés ; 2) ils montrent une biodiversité passée relativement importante pour des grands mammifères (une trentaine d’espèces dans les sept derniers millions d’années) ; 3) ils montrent une grande variabilité d’habitats et d’écologies (avec notamment des régimes alimentaires occupant tout le spectre entre omnivores généralistes et herbivores spécialisés); 4) leur évolution rapide à l’échelle géologique représente un des cas les plus spectaculaires d’évolution convergente avec des espèces herbivores issues d’ancêtres omnivores au sein de plusieurs groupes de suidés de manière indépendante.

Ces changements morphologiques rapides font notamment des suidés d’excellents indicateurs biochronologiques utilisés pour dater les sites à hominidés en Afrique.  Les espèces de suidés actuelles sont suffisamment proches des espèces fossiles pour que l’on puisse effectuer des comparaisons aussi bien en termes de morphologies que d’écologies. Ces comparaisons permettent  de reconstituer l’écologie des espèces de suidés fossiles, et ainsi de donner des indications sur les écosystèmes dans lesquels celles-ci ont vécu en compagnie de nos lointains ancêtres du rameau humain.


Pourquoi la « corne de l’Afrique » ?

La basse vallée de l’Omo, située au sud-ouest de l’Éthiopie, est très riche en restes fossiles et permet d’étudier l’évolution des mammifères et de leurs environnements en utilisant les sédiments de la formation de Shungura, datés entre -3,6 et -1 millions d’années par de nombreux niveaux-repères volcaniques (datations radiochronologiques). Ces fossiles abondants et précisément datés forment un matériel exceptionnel pour explorer les hypothèses liant changements environnementaux et évolution biologique, faisant de la formation de Shungura un véritable « laboratoire de l’évolution » pour les paléontologues. La longue période documentée par les sédiments de cette formation couvre plusieurs cycles glaciaires dans l’hémisphère Nord qui ont entraîné des changements environnementaux importants en Afrique. Les changements de végétation, de milieux boisés vers des espaces ouverts de savanes, ont entraîné des modifications de régimes alimentaires chez les suidés et les autres mammifères, et des adaptations morphologiques correspondantes sont ainsi observées, notamment au niveau des dents : chez les suidés, la taille (longueur et hauteur) des troisièmes molaires a augmenté lors de transitions entre régimes omnivores et régimes plus herbivores à cette période.

Plusieurs types d’études visant à reconstituer les écologies et les environnements passés sont effectuées par Antoine Souron sur les dents de suidés. Des analyses chimiques de l’émail ciblent les concentrations en isotopes stables du carbone et de l’oxygène, et révèlent quantité d’informations sur l’écologie de l’animal (régime alimentaire, consommation en eau),  et nous informent donc indirectement sur le type de milieu fréquenté (végétation, degré d’aridité), ainsi que sur la quantité et la saisonnalité des  précipitations. Ces données sont croisées avec l’étude des micro-usures dentaires (stigmates microscopiques laissées à la surface de l’émail pendant la mastication des aliments) qui apporte également des informations fines sur le régime alimentaire de l’animal. Cette dernière étude sera rendue possible grâce à un microscope confocal acquis en 2015 par le LabEx.


Quelle plus-value pour le LabEx ?

Ce qui fait la plus-value de cette nouvelle recrue pour le laboratoire PACEA,  c’est le groupe et la période très ancienne sur lesquels Antoine Souron travaille.  L’objet de la Chaire obtenue par Antoine Souron concerne en effet l’étude des suidés actuels et fossiles (mécanismes d’évolution et adaptations biologiques). Mais à travers cette étude, c’est tout le contexte temporel, biogéographique, et environnemental de l’évolution humaine qui est visé.  

Dans le cadre de la chaire, Antoine Souron va poursuivre l’étude des mécanismes d’évolution des suidés en vue d’appliquer les scénarios identifiés à d’autres groupes, voire au groupe des hominidés. La poursuite de ses travaux à PACEA se fera notamment dans le cadre de deux projets  travaillant en Éthiopie : « Middle Awash research project » (collab. T. White, Université de Californie, Berkeley) et « Omo Group Research Expedition » (collab. J.-R. Boisserie, iPHEP-Université de Poitiers & Centre Français des Études Éthiopiennes).  Antoine Souron a également d’autres projets en tête qu’il souhaite déposer à moyen terme à l’ANR ou encore à l’ERC.


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D’après des propos recueillis par Catherine de Noter (LaScArBx) avec la collaboration d’Antoine Souron (PACEA)

Photo de gauche : Antoine Souron (à droite) et Bizuayehu Tegegn préparant le plâtre d'un crâne d'hippopotame fossile avant de l'extraire du sédiment (formation de Shungura, basse vallée de l'Omo, Éthiopie) © Omo Group Research Expedition   

Photo de droite : Antoine Souron portant le GPS différentiel devant la rivière Talalak, zone de recherche du « Middle Awash » (Dépression de l'Afar, Ethiopie). Photo utilisée avec l'aimable autorisation de Cesur Pehlevan, copyright Cesur Pehlevan

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