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Université de Bordeaux
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NEMO : Neandertal face à la mort : cultures / pratiques funéraires

NEMO : Neandertal face à la mort : cultures / pratiques funéraires

Le projet NEMO vise à appréhender la relation entre traditions techniques, économiques et restes humains au cours du Paléolithique moyen.  L’objectif est d’aboutir à un nouveau registre de connaissances des sociétés du Paléolithique moyen ouest-européen où les restes humains ne seront plus considérés comme des éléments détachés de leur contexte archéologique. 

Porteur du projet : Jean-Philippe FAIVRE (PACEA-PPP)

Partenaires : Christelle LAHAYE (IRAMAT-CRP2A) - Bruno MAUREILLE (PACEA-A3P)

Date : sept 2013 – fin 2016 (AAP n°3) / Juin 2013

(Financement : 120 635 €)

Mots clés : Neandertal, culture matérielle, pratiques funéraires, dynamique de peuplement, comportements socio-économiques. 

 « Derrière l’objet, il y a l’homme… »

Le Bassin aquitain constitue un terrain privilégié pour l’étude des comportements socio-économiques développés par l’homme de Neandertal. En effet, la région livre à elle seule 1/3 des sépultures néandertaliennes connues à ce jour dans le monde ; et dans l’état actuel des connaissances, les néandertaliens sont les premiers européens ayant inhumé leurs morts, activité parmi les plus significatives sur le plan symbolique. D’où une réelle opportunité d’aborder le traitement des morts et la sphère symbolique afin d’acquérir de nouvelles connaissances sur les sociétés du Paléolithique moyen.

Pour la première fois, le sujet est abordé de manière transdisciplinaire, faisant intervenir la Préhistoire, l’Anthropologie, la Géochronologie et la Physique des archéomatériaux. De quoi revisiter l’ensemble de nos connaissances actuelles sur Neandertal.

 « Derrière l’objet, il y a l’homme… ». Ainsi résume Jean-Philippe Faivre, Préhistorien (PACEA), co-porteur du projet de recherche NéMo (« Neandertal face à la Mort ») développant un regard croisé entre les cultures matérielles et les pratiques funéraires de l’homme de Néandertal. Car derrière l’étude de l’objet, la manière dont il a été fabriqué et utilisé, il y a l’homme, avec ses savoir-faire, ses motivations, son mode de vie, sa culture.

Le projet est né de discussions passionnées entre le Préhistorien, spécialisé dans la technologie lithique, et la Physicienne Géochronologue Christelle Lahaye (CRP2A), spécialisée dans la caractérisation et la datation des dépôts sédimentaires. Dans la compréhension de la transmission des savoir-faire chez Neandertal, la question de la chronologie est cruciale ; elle permet de formuler des hypothèses sur les occurrences, les déplacements de populations, ou encore les contacts entre populations. Autant de points sur lesquels s’interrogent conjointement les deux spécialistes.

 Le projet NéMo fait donc appel à un important travail de caractérisation et de datation par luminescence. Les résultats sont couplés aux données archéologiques, paléoanthropologiques et biostatigraphiques de façon à replacer les différents événements dans leurs contextes paléo environnemental et comportemental. C’est l’ensemble de ces regards croisés qui va apporter une plus-value certaine à la somme de connaissances existantes à ce jour sur Neandertal.

«  Il y a peu de temps encore, Neandertal souffrait d’une mauvaise réputation, explique Jean-Philippe Faivre ; on s’efforce de comprendre comment et pourquoi il a disparu et quels ont été ses liens avec son successeur, en Europe, l’Homme moderne. Certains lui ont prêté une intelligence et une technicité moindre. Aujourd’hui, on sait que les choses ne sont pas aussi simples que cela. Grâce à ce projet, on pourra sans doute en apprendre plus sur son mode de vie, son organisation socio-économique, sur sa technicité et sa capacité à innover, à échanger, sur ses comportements symboliques et funéraires. Ainsi, peut-être, pourra-t-on lui accorder une nouvelle place aux côtés de l’homme moderne. » 

L’enjeu du projet est d’établir des corrélations entre traditions culturelles (au sens de culture matérielle) et les traitements des morts en fonction de ce qui peut être déduit de la présence et de l’étude des vestiges humains.

Le projet consiste donc en une révision des contextes sépulcraux (étude taphonomique), des fossiles eux-mêmes (nature, représentativité, traces de décharnement, de carnivore), un réexamen des industries lithiques (détermination systémique) et celui des données paléo-environnementales (essentiellement fauniques, ainsi que leur croisement avec les données issues des carottes marines et glaciaires). Le tout s’accompagnant d’une révision chronologique globale.

Ce projet prometteur s’efforcera entre autre, de déterminer si les actions sur les morts et autour des morts relèvent strictement de comportements « abstraits » symboliques ou, pour partie, s’inscrivent dans des comportements de subsistance. Il s’attachera également à déterminer les liens de causalité éventuels entre comportements techno-économiques et variations paléoenvironnementales. Le projet devrait également permettre de poursuivre la révision chronologique à l’échelle régionale, de préciser la dynamique de peuplement culturel du Bassin aquitain au Paléolithique moyen récent et sa mise en perspective à l’échelle du sud-ouest de l’Europe.

Propos recueillis par Catherine de NOTER (LaScArBx), avec la collaboration de Jean-Philippe FAIVRE (PACEA) et Christelle LAHAYE (IRAMAT-CRP2A)

 

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